Stubborn is the word | Ft. Angelina

J’étais arrivée tôt au travail. Mais surtout, je n’avais pas énormément dormi. Il y avait eu une énième dispute avec Nixon la veille au soir. Je savais que si j’en parlais le lendemain à mes collègues, j’allais me prendre bon nombre de réflexions. Alors, j’avais préféré ne rien dire. J’avais également pris le temps de maquiller. J’avais un peu plus chargé la dose ce matin pour éviter que l’on ne voit mes cernes. Je saluai les différentes personnes avec lesquelles je travaillais. On prit un café comme à notre habitude pour pouvoir dialoguer et échanger sur nos vies. C’est là que je remarquais que l’on avait tous nos problèmes et que je n’étais pas la seule à en avoir. La pause finie, chacun partie vaquer à ses occupations. Je montais directement dans l’ambulance pour voir s’il ne manquait rien. Il fallait vraiment être paré à toutes éventualités. Ma collègue me rejoignit dans la fourgonnette et pris de mes nouvelles. Elle me connaissait assez pour savoir qu’il s’était encore passé quelque chose avec Nixon. Je ne répondis pas grand-chose, n’ayant pas vraiment la force d’affronter les regards et les réflexions. Voyant que je me fermais dans mon mutisme en essayant de me faire rire. Elle avait bien remarqué que Jackson me donnait des indices sur le fait que je lui plaisais. J’eus un sourire en entendant son prénom. Mais bon, c’était instinctif : on s’était rapprochés et je me tuais à dire qu’il ne se passait rien. Et de toute façon, j’étais en couple. Donc la question ne se posait même.

Nous étions en train de discuter lorsque l’on reçu un appel. On nous informe que l’un des pompiers a besoin d’une intervention, mais qu’aucune ambulance n’est disponible. Ni une, ni deux, j’attrape les clés et je me mets au poste de conducteur. Je démarrais en trombe, sirène hurlante. Il fallait arriver vite et je pense que j’étais l’une des meilleures conductrices. Je grillais les feux rouges et prenait des virages relativement serrés. Avec moi, il fallait être vraiment accroché. Une vraie pilote de rallye ! On arrivait quelques minutes plus tard sur les lieux de l’incendie et je vis au loin qu’il s’agissait de Jackson. Un sentiment d’angoisse m’envahi, mais il fallait rester professionnelle. Je descendis du véhicule et me dirigea en courant vers lui pendant que ma collègue sortait le brancard afin que l’on puisse mettre Jackson sur ce dernier. Je demandais rapidement ce qu’il lui était arrivé et on me répondit qu’il avait certainement inhalé trop de fumée. À chaque fois, il fallait qu’il joue au héro ! Je pris le temps de prendre son pouls, ça allait. J’indiquais à ma collègue que l’on allait l’emmener à l’hôpital. Déjà parce qu’on n'avait pas de quoi le soigner complètement ici et d’autre part parce que s’il se réveillait, il allait faire un scandale pour partir. Un vrai gosse. Une fois sur le brancard, je pris le temps de lui mettre un masque à oxygène.

Quelques minutes plus tard, nous arrivions à l’hôpital. Jackson était encore évanoui. J’indiquais à l’un des médecins, ce qui était arrivé et il lui trouva une chambre. J’indiquais à ma collègue que je resterais sur place pour attendre le verdict. Mais surtout pour faire en sorte qu’il reste si le médecin souhaitait le garder. J’espérais simplement qu’il ne mette pas trop de temps à se réveiller.

J'avais pris en charge Jackson. Et heureusement qu'il avait été évanoui puisque dans le cas contraire, je crois qu'il ne serait pas laissé faire. Il avait toujours besoin de faire les héros. Et nous n'allons pas le cacher, c'est quelque chose qui pouvait me faire craquer. Heureusement que mon copain n'était pas dans ma tête parfois. Déjà que ce n'était pas la joie à la maison, mais si en plus je rajoutais des problèmes avec des pensées qui pouvaient parfois être déplacés. Après quelques longues minutes, il finit enfin par bouger et ouvrir les yeux. Je ne sais pas ce qu'il cherchait sous son coussin, mais qu'importe. Il devait certainement se croire dans un autre lieu, mais non. Malheureusement, il était bel et bien dans un hôpital et je savais que l'idée n'allait pas franchement lui plaire. Il finit par se redresser. Je l'écoutais et lui souris, lorsqu'il me demanda si sa carrière de mannequin allait être foutue. Je ne savais pas que les chevilles avaient été touchées également pendant l'incendie. Je rigolais quelque peu. Je savais très bien qu'il avait envie de repartir sur le terrain, mais ce n'était pas forcément envisageable. Je répondis simplement :

« Ta carrière de mannequin ? Tu te crois si beau que ça ? » Nous n'allons pas nous le cacher, Jackson était vraiment un bel homme. Et d'aussi loin que je me souvienne, je l'avais toujours trouvé très beau. Mais étant le frère de ma meilleure amie, il n'était pas envisageable de faire quoi que ce soit avec ce dernier. Je lui répondis simplement : « Tu as été brûlé au niveau du cou et des mains. En soi, ce n'est rien de grave, tu auras juste de nouvelles petites cicatrices, mais tu commences à avoir l'habitude, non ? » J'évitais de dire que les quelques cicatrices apparentes le rendait sexy, bien que je n'en pense pas moins. J'ajoutais par la suite :  « Par contre, la suite ne pas te plaire : ils veulent te garder pour faire des examens supplémentaires. Puisque tu as inhalé de la fumée, peut-être qu'il y a quelque chose de plus grave. Et inutile de négocier avec moi, je suis de la team des médecins et pas des pompiers. »

Je pouvais parfaitement comprendre cette passion qu'il avait pour sauver les gens. Mais c'est vrai que le voir risquer sa vie, tous les jours, étaient effrayants. Lorsque l'on recevait des appels et que l'on nous indiquait qu'un ou plusieurs pompiers étaient touchés, il avait toujours une partie de moi qui espérais que ce ne soit pas Jackson. Manque de chance, cette fois-ci, c'était tombé sur lui et j'avais vraiment eu peur. Mais qu'importe, il allait et j'espérais que les examens supplémentaires m'enlèverait de tout doute. Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, je lui proposais :

« Tu veux qu'on aille boire un café et manger un truc ?  »

Pour éviter qu'il rumine, je devais à tout prix lui occuper l'esprit. La nourriture de l'hôpital n'était pas vraiment ce qu'il y avait de meilleur, mais ça lui permettrait de se déplacer et de penser à autre chose jusqu'à ces examens. j'espérais simplement ne pas avoir une urgence entre-temps. Sinon, je ne serai pas en mesure de m'en occuper. J'attendis sa réponse, en souriant.

Travailler à l'hôpital et au sein d'une ambulance n'était pas simple. On voyait des choses pas toujours chouettes. Mais je faisais un métier et ça me plaisait. Sans parler du fait que l'atmosphère à la maison était tendue. Exercer les métiers que je faisais me permettait de moins passer de temps à la maison. Et puis, j'avais de super collègues, donc je ne pouvais pas me plaindre. Mais aujourd'hui, ce n'était pas une victime parmi tant d'autres que je devais sauver, mais Jackson. Et quand c'est quelqu'un de proche et que l'on apprécie, peut-être un peu trop, ça faisait peur. Il avait toujours besoin de jouer les héros et c'est certainement ça qui me plaisait chez lui. Cette façon qu'il avait de n'avoir peur de rien. Je rigolais à ses blagues. Non mais c'est sérieusement, heureusement que j'avais le rire facile. Mais avec Jackson ce n'était pas compliqué. Rien qu'à sa tête parfois, on avait envie de rire. Une fois que j'eus fini de rire, je lui lançais :

« Donc, si toutes les vieilles te trouvent beau, tu pars du principe que t'es une beauté fatale ? » Je marquais une brève pause avant d'ajouter : « Logique implacable, Jackson, vraiment ! »

Je continuais de le regarder, lui expliquant que malheureusement il devrait rester quelques jours à l'hôpital. Et je me chargerais personnellement d'y veiller, même s'il fallait que je l'attache à son lit et que je ferme la porte à clé. Parce qu'au final je le connaissais : tant qu'il se sentait bien, tout allait bien dans les meilleurs des mondes pour lui. En fait, les patients les plus agaçants, ce n'est pas monsieur et madame tout le monde. Mais bel et bien les pompiers, qui pensent être au-dessus de tout le monde. J'eus un léger sourire quand je l'entendis poser sa question, mais aussi une toute petite pointe de jalousie. C'était bizarre ce genre de sentiment, mais qu'importe. Je passais outre et lui indique :

« Non, ce n'est pas pour ça Jackson. Et tu veux que je te dise ? S'ils te gardaient juste pour ça, je dirais aux infirmières de te faire prendre une douche à l'eau bien froide pour que ça te remette les idées en place. Au moins, ça te ferait réfléchir sur le fait de toujours vouloir être un héros. »

Petite pique, mais gentil. En effet, je voulais juste lui faire comprendre que certaines personnes s'inquiètent pour lui. Et que même si son taff, c'est de sauver les gens, il ne fallait pas qu'il le fasse au détriment de sa vie. Après, il n'allait pas changer son caractère, c'était une évidence. Mais bon, c'est vrai que l'appelle de ce matin m'avait un peu brassé mine de rien. J'essayais d'enlever l'image de Jackson par terre pour me concentrer sur quelque chose de bien plus positif. Il accepta ma proposition d'aller boire un café. Je sortis de sa chambre et sortis avec lui. Jackson me demanda ce que je faisais de ma vie. Je lui répondis brièvement :


« Oh tu sais pas grand-chose. C'est compliqué de travailler aussi bien en ambulance qu'en tant que médecin urgentiste, donc en vérité le soir, je suis fatiguée. Sinon, les weekends, j'essaie de me changer les idées et de sortir. j'aime bien aller courir ou ce genre de chose. Bref, rien de passionnant comme tu peux le voir. » Je lui souris, tout en passant d'un couloir à l'autre. Je ne parlais pas de Nixon. En vérité, je ne savais pas où j'allais dans ma relation de couple. Entre le manque de respect, les tromperies et j'en passe des meilleurs, c'était compliqué. Et si certaines de mes collègues étaient au courant, je ne voulais pas que Jackson le sache. Je continuais alors : « Et toi ? » En vérité, depuis un sacré moment, je ne savais pas ce qu'il se passait pour lui d'un point de vue privé. Et j'avoue que j'étais curieuse d'en savoir plus.