Handcuffs maintain the connection ☼ BRANT

Ca y est... Je l'ai fais ! Putain j'ai sauté le pas, j'ai quitté New York. J'arrive pas à y croire encore, même maintenant que je me retrouve devant mon nouveau chez moi, avec les clefs de ma nouvelle main, prêt à démarrer une nouvelle vie. Oh mon Dieu ! J'ai envie de sauter partout, et de juste... profiter, bordel de merde ! Adieu les gens, bonjour à la liberté ! Même pour mes enfants, c'est... je les adore hein, mais je suis en joie de savoir que là, j'ai une maison pour moi, que je n'ai plus à m'occuper de leurs histoires, ni jouer les taxis pour eux. Bien sûr que je le fais, bien sûr que je leur rend service, c'est aussi mon rôle de père mais... Le fait d'avoir vécu en fonction d'eux toutes ses années ont fait que maintenant, je craque.

Je veux vivre pour moi.

Ma valise dans la main, je pousse la porte, et entre... Oui, bon, c'est une vraie ruine, mais j'allais tout retaper ! Je ne suis pas spécialement doué avec les travaux en règle général, mais j'allais m'y faire, non ? J'ai l'envie, donc... puis ça va, j'ai internet sur mon téléphone, j'vais regarder des tutos et ça va le faire !

En tout cas, l'idée était plaisante. J'installe un drap par terre, et file acheter un matelas. ça ira pour faire mon lit, en attendant ! Ouais, je dors au milieu de ce qui sera mon salon, mais je préfère centraliser mes affaires pour le moment. Je pars faire quelques courses, achetant les choses de base, histoire de survivre ! Quelle aventure, bordel... qui aurait pu croire que là, je reparte de zéro ? Je commence par vider la maison de tout ce qui n'est pas récupérable, ce qui me prend une grosse partie de la journée, et même du début de soirée. Mais avec un peu de musique, ça passe tout seul !

Sauf que voilà, les choses en entrainant d'autres, me voilà à passer le balai à une main, au milieu de la nuit, la musique sur les enceintes que j'ai pris soin de ramener de New York. Oui, bon, j'y tiens à mon home cinéma ! Moi, mon balai, une bouteille de Téquila, me faisant rapidement danser avec le balai comme autour d'une barre de pole dance. Dans ma tête, j'suis Magic Mike ! J'espère juste que d'un point de vue extérieur, j'suis aussi canon. De toute façon, personne n'est là pour le voir ! L'idée me fait rire, et je reprend une gorgée.

Puis un verre. Puis beaucoup trop, j'avoue. L'idée d'une pause me vient, et j'avoue que l'alcool m'a pas mal fatigué... Je m'allonge sur le matelas, encore habillé, la musique toujours en marche, mais je m'endors. Sieste réparatrice.

Ce qui me réveille, plusieurs heures plus tard ? Un bruit, venant de l'entrée. Merde. Je me redresse, regarde l'heure. Pas une heure décente pour écouter de la musique aussi forte. Je baisse le son depuis mon téléphone, et entend encore une fois la porte. Je me lève, heureusement que je ne suis pas ivre mort, ça aurait été compliqué de me lever et de courir vers la porte. J'ouvre, laissant la musique en marche, mais d'un faible volume.

... J'le connais lui, non ? Sa tête, ça me parle. Je prend quelques secondes pour réaliser, et surtout me rappeler. Brett. Brant. Un truc comme ça.  

- Bonsoir... monsieur l'agent ?

Je souris, le regardant, de haut en bas. Si, je suis sur, c'est lui.

- Ou est-ce que je peux encore t'appeler par ton prénom, après tout ce temps ?

La vie à Garnett avait de bons côtés mais n'était pas facile. Il fallait dire que les vieilles bicoques qu'ils avaient récupéré et pour mission de rénover étaient dans un sale état, normal après autant de temps d'abandon, c'était même un miracle qu'elles aient tenus jusqu'à là sans s'effondrer. Avec les cent mille dollars offerts cependant, c'était facile de commencer des travaux. Ca ne faisait pas tout, mais c'était un sacré coup de pouce pour tout à chacun. Les premiers arrivants s'étaient installés il y a peu de temps et c'était le début pour tout. Personne ne se connaissait réellement et chacun évoluait un peu de son côté mis à part les quelques curieux ou travailleurs qui profitaient de l'occasion pour vendre leurs services, c'était le temps rêvé pour les charpentiers, les électriciens et toutes les professions manuelles.

Brant lui avait fui ses parents et son état pour vivre pleinement qui il était. Après tant d'années de fuite et de déni, le grand brun aux belles bouclettes avait pris la décision de s'affirmer et de vivre pleinement sa sexualité. Ca n'avait pas été facile comme décision surtout qu'il laissait derrière lui une femme et des enfants mais par chance, cette dernière était retournée vivre dans sa ville natale, qui se trouvait être celle juste à côté de Garnett. Il pouvait donc profiter de voir ses petits régulièrement, entre ses shifts du boulot. Ce dernier se passait plutôt bien même si sa relation avec son chef était étrange et ce depuis le premier jour.

Il était d'ailleurs en poste pour la soirée et ce jusqu'au matin. La nuit se passait tranquillement, il fallait dire que la criminalité n'avait pas réellement encore eux le temps de s'installer dans la ville vu que les gens étaient trop occupés à rénover leur maison. Brant fit donc son tour habituel de patrouille avant de prendre place au commissariat pour répondre aux possibles appels. Alors qu'il allait se lever pour laisser sa tournée à son collègue, le téléphone retentit. Soupirant car c'était toujours comme ça que ça se passait, à savoir six heures sans problème puis une couille dans les cinq minutes de fin, le flic décrocha le combiné pour répondre. Et voilà un problème de voisinage : musique trop forte toute la nuit et sans interruption et ce jusqu'à maintenant, soit six heures du matin.
- Oui Madame, je vais venir regarder ce qu'il se passe, je suis là dans dix minutes au plus tard... Lui dit-il avant de raccrocher et de suivre la procédure imposée.
Sept minutes plus tard, sa veste d'uniforme enfilée, l'agent Burberry sortit de la voiture de police. Effectivement, de la musique retentissait à un bon volume. Remontant la petite allée, il s'immobilisa devant la porte et toqua fortement pour que l'inconnu puisse l'entendre.
- Police de Garnett, Agent Burberry. Ouvrez s'il vous plait ! S'annonça-t-il.
Il attendit quelques secondes et entendit la musique baisser en volume. Quelqu'un était là. Il toqua à nouveau, espérant que cette fois le propriétaire allait répondre cette fois-ci. Et ce fut bien le cas. La porte s'ouvrit sur un visage familier, ce qui surprit l'agent de police et qui put se lire sur son visage. Il serait bien incapable de dire son nom mais il savait très bien qui il était : le premier homme avec qui il avait dormi en tant qu'adulte.
- Bon...jour... Répondit-il alors qu'il se sentit scanné, sûrement que son interlocuteur devait chercher lui aussi quelques informations, ou pas au vu de sa réponse.
- Je crois qu'on peut se tutoyer oui, désolé de te le demander mais c'est quoi ton prénom déjà ? Demanda-t-il sans gêne réelle.
- Ah oui, Swan, c'est juste ! Bon, Swan, on a un petit soucis... J'ai été appelé pour tapage nocturne par ton voisinage et comme tu vois, ba dans la vie je suis aussi policier. Commença-t-il avant de continuer. Bon, c'est la première, donc pour cette fois, c'est juste un avertissement entre toi et moi ! J'me souviens bien de comment tu aimes faire la fête mais s'il te plait, fais gaffe, à voir tes voisins sont assez... sensibles au bruit...

Mais qu'est-ce qu'il fait ici lui ? Bien sûr que je le reconnais, j'ai même partager un liti avec cet homme... Et j'aime jouer sur le fait de lui faire croire qu'il s'est passé quelque chose de fou, cette nuit là. Alors que non, nous avions juste passé une excellente soirée, et le sommeil nous était tombé dessus. Mais bon, ça m'amuse de lui faire croire ça, même si je ne suis pas sûr qu'il y croit.

Alors comme ça, un policier ? Je ne savais pas sa carrière, et je le découvre là, loin de là où je l'ai rencontré la première fois. Est-ce que lui aussi a vu l'opportunité de la maison et l'a saisit ? Ou alors est-ce qu'il travaille pas loin depuis un moment, et l a été chargé de la défense de cette ville fantôme il y a peu de temps ? J'en sais rien. En tout cas, je sais pourquoi il est là...

Ouais j'ai un peu merdé avec la musique, mais bon... J'ai pas fait exprès, surtout que j'étais tout seul donc bon... C'était même pas une vraie soirée, juste un oubli, au final. En tout cas, ça me fait rire de le voir bégayer en me saluant. C'est sûr qu'il ne s'attendait pas à voir ma gueule, je crois. Bon par contre, petit coup quand il me demande mon prénom.

- Swan. J'vais mettre ça sur le fait que ça fasse longtemps !

Ah, ça y est, ça te revient ? Je souris, et l'écoute me dire ce que au final, j'avais deviné tout seul. Ouais, je comprend que les voisins aient appelé, surtout que je ne sais pas vraiment qui ils sont. Peut être qu'ils sont âgés et qu'ils sont venus ici pour la tranquillité. Tout ce que j'ai bafoué ce soir.

- Oui, disons que j'ai eu un bel indice avec ta tenue. Elle te va très bien d'ailleurs, je suppose qu'on te le dit souvent

Franchement, personne ne peut me dire que là, la scène qui se passe n'est pas le début de n'importe quel fantasme. Sa tenue lui va vraiment bien, l'uniforme a vraiment quelque chose de particulier. Moi, avec mon demi tablier au travail, c'est clairement pas le même bail.

- C'est gentil, et désolé, c'était vraiment pas prévu. C'est vrai que j'aime faire la fête, mais pas tout seul, je me suis juste endormi bêtement après quelques bières.

Au final je m'excuse, mais je sais que ça serait plus judicieux de le faire avec mes voisins.

- J'irais m'excuser demain, quand il sera une heure plus décente. Mais en attendant, entre ! Tant que tu n'as pas d'autre appel, j'peux au moins te faire un café

Je lui prend le bras pour le faire entrer, ajoutant une fois à l'interieur.

- Après, si tu préfères une bière, y'a pas de soucis, j'te balancerai pas. Je sais que pendant le service c'est pas dingue, mais bon. A toi de voir !

Ce fut la surprise quand Brant fit face à celui qui ouvrit la porte. Comme un fantôme de son passé auquel il faisait face. Enfin, actuellement, il était bien plus à même de rentrer dans le jeu de cet homme avec lequel il avait dormi quelques années auparavant. Mais le problème sur le moment était qu'il était marié et refoulé. Difficile donc pour lui de rester de marbre quand le grand joueur qu'était Swan venait le taquiner avec ce qu'ils auraient pu faire dans ce lit à deux. Cela avait d'ailleurs même chatouillé son lui intérieur, cet homosexuel refoulé par son éducation et sa famille. S'imaginer en sous-vêtement avec le bel homme lui avait collé plus d'une fois la trique sans pour autant qu'il ne s'adonnasse à un plaisir solitaire; avoir une réaction physique pouvait passer mais y succomber, c'était autre chose, dans le passé.

Aujourd'hui, le brun aurait plutôt ri au vu de sa situation. Il avait beaucoup évolué depuis leur rencontre, rien que par rapport à son coming-out et à l'acceptation de sa personne, de sa sexualité. Ô, il était encore loin de le crier sur tous les toits ! Mais il était sorti du placard et n'avait plus honte de s'astiquer le poireau en s'imaginant des scènes pas très catholiques avec d'autres hommes.
- Oui, désolé... Répondit-il simplement, avouant qu'il avait oublié le prénom de son interlocuteur.
Un bref instant, il put remarquer le regard de Swan sur sa personne. Est-ce qu'il était en train de le reluquer ? Non, il devait se faire des idées et dans ses souvenirs, Wheelan avait des enfants. Mais contre toutes attentes, le fameux "délinquant" lui fit un compliment qui fit prendre quelques couleurs à ses joues.
- Ah... Euhh, merci ! Ba pas tant que ça je t'avoue... Et encore moins venant d'un gars...
Et oui, ce n'était pas fréquent. Ô, sûrement qu'un homme l'avait déjà maté ou même touché pendant son service auparavant mais cela ne l'avait pas marqué... Sûrement parce qu'il se convainquait à l'époque que ce n'était pas possible pour ne pas craquer et briser la famille qu'il avait construite avec son ex-femme.

Tu lui fis ensuite part du problème qui impliquait ta présence ici. C'était rare que ça aille trop loin pour ce genre de délit. Le policier ne put se retenir de lâcher un petit rire lorsque Swan lui avoua s'être endormi comme une larve après avoir bu quelques bières alors que la musique retentissait encore assez fortement. Au vu de sa réaction, l'homme des forces de l'ordre n'en rajouta pas. A voir, il s'agissait d'un bête incident et le fait que Wheelan proposasse seul d'aller s'excuser auprès de ses voisins lui suffit.  
La spontanéité de son interlocuteur le surprit si bien qu'il n'eut pas le temps de poser une quelconque objection ou confirmation. Attrapé par le bras, il fut tiré à l'intérieur de la maison.
- Oula, non, pas de bière pendant le taff et surtout encore moins à six heure et quart du matin... Dit-il en riant.
Ca, c'était une belle habitude d'alcoolique et la simple idée lui donnait la gerbe.
-Mais vas pour un café, j'ai terminé mon shift et mon collègue a déjà pris sa tournée donc j'ai un peu de temps avant d'aller promener mon chien et de me pieuter...
Et oui, il fallait bien sortir Flakes, le pauvre n'avait pas une vessie extensible à l'infini. Il regarda brièvement l'intérieur pour voir qu'il n'était pas le seul à faire des travaux d'envergure. Même s'il savait que tout le monde repartait de zéro ici, c'était parfois compliqué de le réaliser quant on restait enfermé chez soit pour y travailler.
- Ca avance ces travaux, tu fais quoi ? Demanda-t-il tout en suivant Swan.