Event : randonnée et camping à la belle étoile.

C'est avec les mains sur les hanches que j'attends le moindre signe humain pour cette randonnée organisée par le maire de Garnet. En temps normal, j'essaie d'éviter le monde mais savoir que je suis inconnu aux yeux de ces gens, cela me permet de profiter de ce temps splendide qui se profile. Le strict minimum, comme toujours, sur mon dos. Un sac de couchage dans un plus grand sac de randonnée ainsi qu'une tente dans le cas où il se mettrait à pleuvoir -chose que je n'espère pas. Je ne suis pas pessimiste, ni défaitiste, encore moins fataliste. Je ne suis pas encore au stade où j'imagine les urgences arriver à toute allure car l'un de nous se serait brisé une jambe, ou qu'un éboulement de roches viendrait s'écraser sur nous. Mais je pars du principe qu'on n'est jamais trop prudent. Il faut savoir profiter un minimum du temps présent mais je trouve cela important de toujours rester sur ses gardes. Cet état d'alerte constant m'a sauvé de plusieurs embuscades qui auraient pu me couter la vie si je n'avais pas eu un tant soit peu cette manie d'imaginer les situations les plus redoutables. J'oubliais de préciser qu'un casse-croute et deux bouteilles d'eau viennent compléter l'équipement ainsi qu'un bon bouquin que je saurais dévorer à sa juste valeur avec une vue à couper le souffle, ma paire de lunettes arrondies et cet appareil photo qui ne me quitte plus depuis ces années en Grèce. C'est important.

Ne sachant réellement quoi faire en attendant la venue de ces gens -dont je tente désespérément de savoir comment on les nomme, les Garnettois? Les Garnettais? Les Garnois? Les Garnerrois? Allez savoir- je balaie du regard l'endroit où je me trouve afin de trouver un spot où je pourrais y déposer mon fessier. Un gros rondin fera l'affaire. C'est ce que je me dis en me dirigeant vers ce dernier. J'en sors le livre qui m'accompagnera lors de cette randonnée, un petit Naguib Mahfouz -m'étant pris de passion à lire à travers le monde en commençant par l'Afrique, un auteur par pays, l'Egypte à l'occurrence et sors par la même occasion mes lunettes que je fais glisser sur mon nez. J'allonge mes jambes afin de retourner le bouquin à la page que j'avais gardé et récupère de ma poche un paquet de cigarettes, que je secoue pour en faire sauter une, que j'allume aussitôt. Je reprends aussitôt ma lecture en jetant des regards aux alentours en espérant qu'une âme se pointe.

Et il faut reconnaître que cette heure passée en compagnie de Naguib fut un vrai régal. Il a cette manière de nous embarquer dans des situations des plus banales avec un lyrisme à faire chavirer un coeur de pierre. Cependant notre tête à tête fut interrompu par ce que je reconnaissais être des pas sur du gravier. Je fronce les sourcils à cause de la luminosité et abaisse mon regard sur le sol, jusqu'à y apercevoir une femme qui me demande si l'endroit indiqué dans tous les panneaux d'affichages de la ville ainsi que dans le journal est le bon. Je redresse davantage la tête, observant les alentours comme pour vérifier si j'étais bien la seule personne sur cette place ou si elle s'était dirigée vers moi intentionnellement. Un hochement de tête, plus pour moi-même que pour lui répondre, je m'éclaircis la gorge. "Bonjour, non je suis navré mais j'attends le prochain bus pour la prison de Missoula. Il me semble que ce que vous recherchez soit à cinq minutes d'ici." Une voix qui se veut vraiment désolée. Je lui adresse même un sourire pincé pour souligner mon désarroi. Mettre à l'écart les gens qui nous parlent lorsque nous sommes en train de lire. C'est aussi quelque chose de primordial. Cela s'étend même à ceux qui essaient de communiquer alors que vous avez des écouteurs. C'est ainsi que je repris ce rendez-vous avec M. Mahfouz. Jusqu'à ce que j'en sois de nouveau séparé.

Répondre ou ne pas répondre? Poser Naguib sur ma jambe le temps de m'amuser un peu ou l'ignorer totalement? Je ne serais pas là pour faire connaissance si c'est ce que cette dernière attend et je crois savoir d'avance que j'ai déjà perdu une cliente pour l'épicerie, sauf dans les cas d'extrême urgence. Du moins, elle ne sait pas encore que j'en suis le propriétaire. Je préfère lui laisser le temps de le découvrir en temps et en heure. La jeune femme s'éloigne et je ne peux m'empêcher de relever le regard en la suivant durant son retour au point de départ. Et un sourire sincère s'étire sur mes lèvres mais je me ressaisis rapidement. Comment ai-je osé laisser apparaître une quelconque expression de ce court échange? "Je ne veux pas vous embêter davantage mais votre sac est ouvert. Je crois qu'en plus de votre vision -quant au panneau indiquant la place, votre ouïe soit touchée." ajoutais-je avant de me rallumer une seconde cigarette. L'attente est bien trop longue à mon goût bien que je devrais pourtant profiter de ce silence avant tous les commérages qui devraient arriver. "Vos chips sont éparpillées au sol. J'espère que cela n'est point la seule nourriture à laquelle vous avez pensé." Il semblerait que je ne fasse que m'échauffer. Je reprends ma lecture, restant tout de même attentif aux réactions que la blonde pourrait avoir.

Résumé:

Marcher pour libérer l’esprit.

Garnet, ville fantôme qui renaissait petit à petit de ses cendres. Depuis qu’Emmett avait posé ses valises dans sa petite maison où tout était à faire, le médecin avait pu se rendre compte de l’évolution de cette bourgade au charme certain. Il avait été de ceux ayant été séduit les premiers. Il avait donc pu accueillir les nouveaux arrivants et les aider à s’installer sereinement. Son tempérament sociable et avenant aidait particulièrement. Bien évidemment, tout restait à faire. Mais il était tout de même ravi de voir que la ville continuait d’accueillir de nouveaux habitants et que ces personnes étaient là pour un unique but, mettre la pierre à l’édifice et se retrousser les manches de concert avec les autres pour rendre la ville de Garnet attractive. Depuis l’ouverture du programme, il y avait tout de même pas mal d’avancer. Une épicerie avait vu le jour, un café-fleuriste avait ouvert son commerce. Il y avait également la caserne de pompiers qui venait de sortir de terre. Que dire ? C’était vraiment beau à voir.

La mairie abritait des personnes motivées et aux idées permettant d’accueillir les nouveaux acteurs du projet en organisant des évènements festifs et fédérateurs. Emmett ne pouvait le nier, il appréciait vraiment ce village. Il s’y sentait très bien. La proximité avec la nature, le fait de pouvoir remettre l’ensemble de cette communauté au goût du jour participaient à ce sentiment de bien-être. En apprenant l’organisation de cette randonnée ouverte à l’ensemble de la population de Garnet, le médecin généraliste y avait vu l’occasion de pouvoir prendre un bon bol d’air frais. Il n’avait donc pas hésité une seule seconde, prenant rapidement un sac à dos pour y mettre des affaires, une gourde et de quoi grignoter sur le trajet. Il avait ensuite pris un sac de couchage rouler pour l’enfermer autour de l’ouverture de son paquetage. Il était fin prêt. Dormir à la belle étoile ne lui faisait clairement pas peur. Bien évidemment, s’il partait en vadrouille, son golden retriever le suivrait. Il ne partirait jamais sans Médor. Une fois le tout dans le sac et ses chaussures de randonnée aux pieds, il s’était donc rendu au lieu de rendez-vous. Il y avait déjà du monde. Il vit rapidement Missy, sa sœur jumelle. Il alla rapidement la saluer.

– Hello petite sœur ! Je ne pensais pas te voir là. J’espère que tu as de bonnes chaussures…

Emmett, il avait fait un petit clin d’œil amusé tandis que son attention s’était finalement portée sur un bel homme qu’il reconnut rapidement : Brant. Ce grand brun le rendait dingue, il ne pouvait le nier. Il décida rapidement d’aller le rejoindre.

– Bon courage pour la marche ! Je te surveille de loin t’en fais pas.

Encore un petit clin d’œil avant de marcher vers le beau garçon. Une fois à sa hauteur, le médecin l’avait salué chaleureusement.

– Brant ! Bonjour ! Je mentirais si je disais que je n’étais pas content de te croiser ici ! Prêt à gravir des sommets ?

Sourire amusé au coin des lèvres, Emmett plongea son regard dans les yeux envoûtant du brun.

Résumé: